vendredi 24 juillet 2015

  


LA GEOGRAPHIE  DE LA CITE 

SITUATION GEOGRAPHIQUE
Capitale régionale du Nord Bénin, la ville de Parakou (chef lieu de la commune de Parakou) est située au centre de la République du Bénin à 407 km de Cotonou. Elle se trouve à 9° 21’ de latitude Nord, à 2°36’ de longitude Est à une altitude moyenne de 350 m et présente un relief assez modeste. Elle abrite plusieurs groupes linguistiques et constitue un important carrefour des grands axes routiers (Cotonou-communes et pays de l’hinterland) ; c’est surtout le terminus de la voie ferrée qui quitte Cotonou, capitale économique du Bénin.

MILIEU PHYSIQUE
Il s’agit du relief, du climat, du réseau hydrographique, des sols et de la végétation.
La commune de Parakou présente un aspect vallonné où l’on observe une succession de croupes ayant généralement un sommet arrondi, surtout dans les régions anciennement cultivées. Vers Alafiarou, au Nord et au Sud, leur sommet est presque plat. Les pentes sont comprises entre 1,5% et 4%.
La seule carrière de sable actuellement en exploitation est celle de Kpétékpétérou.
A Parakou, le climat est de type tropical humide (climat Sud soudanien). Il se caractérise par l’alternance d’une saison de pluies (Mai à Octobre) et d’une saison sèche (Novembre à Avril). C’est en Décembre-Janvier que l’on enregistre les températures les plus basses à Parakou. La précipitation moyenne annuelle est de 1200 mm. Le maximum survient entre juillet, août et septembre.
Parakou est parcouru de ruisseaux ou affluents de la rive droite de l’Okpara. Les eaux de la zone de Alaga sont déversées dans l’Ouémé. Ces cours d’eau se subdivisent à l’infini et restent à sec de janvier à mai. Leurs vallées généralement très larges ont un fond plat.
La région de Parakou se singularise sur le plan pédologique par la prédominance des sols à texture légère, d’épaisseur importante due à la faiblesse de l’érosion. La faiblesse de l’érosion entraîne un lessivage en profondeur important.
Le couvert végétal observé à Parakou est dominé par la savane arborée. Elle se caractérise par la présence du néré  (Parkia biglobosa), du faux acajou (Blighia sapinda), de bois d’ébène (Diospyros mespilifounis), le karité (Butyrosperum paradoxum). Les bas-fonds sont des prairies marécageuses de savanes, des buissons de bambous (Bambusa arundinacca). Les jachères sont envahies par des graminées  et des arbustes assez divers.

DONNEES DEMOGRAPHIQUES
Capitale d’un ancien royaume, Parakou est à l’origine une ville cosmopolite qui va se renforcer avec le développement des transports.
Parakou a toujours été une ville hospitalière. Le peuplement de la ville s’est fait à partir des migrations Baatombu venus du Nord et les Yoruba venus de l’Est. Avec la colonisation, il y eut l’implantation des agents d’administration et d’un camp militaire. Certains tirailleurs Sénégalais ayant servi sous le drapeau français à l’époque et des commerçants ont fini par s’établir définitivement. L’immigration la plus importante est celle des populations Adja-Fon qui  a commencé au début du 20è siècle par l’intermédiaire des interprètes, des guides et des porteurs et s’est renforcée avec l’arrivée massive des fonctionnaires d’origine Fon à Parakou. L’immigration Fon s’est amplifiée avec l’inauguration de la gare ferroviaire en 1937.
En effet, avec le terminus de la voie ferrée Bénin-Niger, Parakou va connaître une croissance spatiale très rapide consécutivement à la naissance des quartiers Alaga et Camp Adagbè. Une classe ouvrière composée majoritairement de Fon va se développer autour de la gare ferroviaire et du marché Dépôt.
D’autres mouvements migratoires viendront renforcer ce peuplement : les rapatriements successifs des Béninois de 1958 (Côte d’Ivoire), de 1963 (Niger ), de 1972 (Ghana), de 1978 (Gabon), de 1983 (Nigéria) vont gonfler brutalement la population de la ville. En outre, Parakou va connaître des migrations de travail dans les années 1970 avec l’implantation de plusieurs unités industrielles : l’IDATEX, la SOBRADO, l’usine de noix d’anacarde, etc.
Plus récemment, entre 1992 et 2002, Parakou a connu un taux de croissance moyen annuel de 2,1 %. Sa population est passée de 103.577 habitants en 1992 à 149.819 habitants  en 2002 (RGPH3). Les trois quart de cette population sont installés dans la zone véritablement urbanisée, le reste se retrouvant dans les périphéries.
Le taux moyen annuel d’immigration sur les cinq dernières années s’établirait  à 2,25 %. 67 % de ces immigrants sont du groupe d’âge actif (15-54 ans), dont la grande majorité (environ 60 %) provient des grands centres urbains du Sud. Les motifs de cette immigration sont, par ordre d’importance, le rapprochement familial (45 %) et  la recherche d’un emploi (40 %). Le taux moyen annuel d’émigration sur les cinq dernières années s’établirait à 1,5%.  Au vu de ces résultats le solde migratoire est de l’ordre de 0,7 % par an.
Le taux moyen annuel de mortalité résultant du RGPH3 s’établit pour la commune à 46,1 ‰. Sur la base de ces données, l’espérance de vie à la naissance est de 56,7 ans pour les hommes et 61,2 ans pour les femmes.

LES ACTIVITES ECONOMIQUES
L’économie urbaine de Parakou est caractérisée par :
•         un tissu industriel faisant de la ville un pôle industriel ;
•         le développement des activités de transport de gros porteurs ;
•         un secteur informel prépondérant ;
•         un secteur bancaire en plein essor ;
•         un secteur commercial florissant ;
•         un secteur artisanal développé.
En 2002, d’après le RGPH3, on dénombrait 54. 539 emplois tous secteurs compris (formel et informel).

                                                       

PRESENTATION DE LA COMMUNE DE PARAKOU
1. Contacts de la MAIRIE
BP : 44 Parakou Tél : (229) 2361 11 66 / 23 61 07 37 / 95 34 90 34
E-mail : com_parakou@intnet.bj
Autre contact : par message radio à partir de la préfecture ou d’une commune quelconque du Bénin
2. Caractéristiques de la commune
Superficie : 441 km2
Limites géographiques : Nord : Commune de N’Dali, Sud, Estet Ouest : Commune de Tchaourou
Population : 149 819 habitants en 2002
Principales ethnies : Fon, Adja, Dendi, bariba, yorouba, baatombou
Religions : Musulmane (52,4%), Traditionnelle (5,2%) catholicisme (30,1%), Protestantisme (3,3%), Autres (9%)
Relief : Plateau curassé avec succession de croupes le tout sur un socle granitique
Hydrolique : Okpara (affluent de l’Ouémé)
Climat : Tropical de type soudanien avec 1 saison de pluie (mai à Octobre), 1 saison de sèche (Novembre à avril) et l’harmattan
Végétation : Savane arborée caractérisée par la présence de Néré, de faux acajou, de bois d’ébène, de karité.
Unités administratives : 03 arrondissements, 41 villages et quartiers de ville
Différents arrondissements : 1er arrondissement, 2ème arrondissement, 3ème arrondissement,
3. Potentialités de la commune
Ressources agricoles : Igname, manioc, maïs, Sorgho, coton
Ressources en élevage : Bovins, caprins, ovins, volailles, porcins
Ressources halieutiques : La pèche continentale
Culture de rente : Coton, noix de cajou, noix de karité
Ressources touristiques : Palais royaux, Mausolé du 1er président du Bénin Hubert MAGA, Musée de plein air, habitat rural (traditionnel), marché ARZEKE, festival artistique et culturel Kobourou initié par la mairie à période variables les 1er ou derniers trimestre, Gaani de Parakou après celui de Nikki
Autres domaines porteurs : Commerce, assainissement, transmet, artisanat.

A LA DECOUVERTE DE LA VILLE

TOPONYMIE DE LA VILLE DE PARAKOU

Beaucoup d’écrits existent sur la ville de Parakou, entre autres, sur l’origine du nom de cette ville. Certains historiens pensent à tort ou à raison que le nom Parakou serait venu de Kpara-Koulou qui signifie en langue locale Dendi : toutes les villes, toutes les contrées. Ce qui traduit le fait que Parakou accepte les ressortissants de toutes les villes du monde. D’autres, par contre pensent que ce nom aurait pour origine de mots Kpara-Kocou ; de Kpara qui signifie en Dendi ville ou (village) et Kocou qui vient du mot Yorouba Ayé (qui signifie dans cette langue, les hommes se refusent à mourir). Soit que Parakou est la ville de Kocou. D’autres encore, les Bariba ou (Baatombu) pensent que le nom Parakou a pour origine le mot Koroku qui désignerait dans cette langue, une variété d’arbre que l’on retrouvait sur la route de Sinagourou (quartier royal). Enfin, selon une quatrième source, le mot Parakou serait venu de Karouko qui signifie en langue Haoussa du Wangara (centre ville) : le nombril autrement dit le coeur, l’épicentre d’une grande cité ; d’une cité qui accueillera tout le monde.
Toutes ces thèses s’affrontent, sans qu’aucun de leurs auteurs puisse faire la moindre analyse critique de la situation. Toutefois le professeur Léon BIO BIGOU dans son ouvrage intitulé « La Région de Parakou : ses chefferies traditionnelles et ses rois des origines à nos jours » paru en Novembre
1993 à Cotonou a tenté des essais d’analyses, mais sans pouvoir apaiser notre soif.
Pour ma part, je propose aux lecteurs de PARAKOU-INFO, cette petite contribution susceptible de les aider à faire la part des choses et à opérer désormais des choix judicieux sur les différentes interprétations qui leur sont parfois servies. Mon analyse critique s’appuiera sur des recherches et documentations personnelles, de même que des interviews recueillies (en 1992) par mon frère et ami Ibrahim ALI et moi-même (nous sommes tous deux Géographes-Aménagistes intéressés par l’histoire de Parakou) auprès d’importantes personnes au nombre desquelles nous citons :
- Feu El-Hadh Salifou CISSE, demeurant au quartier Kpébié à Parakou ; décédé en 1996 à l’âge de 85 ans. Il est mon grand-père.
- Feue Yayi Bougnon, analphabète demeurant au quartier Kabassira non loin du marché Arzèkè à Parakou. Décédée le 17 Septembre 2001 à l’âge de 105 ans, mère du feu Boukari dit ‘’Singbèlèguè’’.
Les versions données par ces sages se rejoignent sur plusieurs points, même si à certains endroits elles gardent des traces de contradictions, qui ne jouent pas nécessairement sur la toponymie même de la ville. Confronté aussi avec les idées d’autres sages de Parakou, aucune différence notable ne s’observe dans le fonds de cette toponymie.

Constat d’ordre général


A ce jour, dans plusieurs pays d’Afrique noire et plus précisément autour de nous, des villes conservent encore leurs noms authentiques, malgré les déformations et autres arrangements apportés par le colonisateur blanc. A titre d’exemple, les autochtones de ces villes disent toujours :
· S’agissant de Porto-Novo (au Bénin), je vais à Hogbonou (pour les Goun) et à Adjatchè (pour les Yorouba). Ce sont les deux ethnies qui se partagent cette ville.
· S’agissant de la ville de Ouidah (au Bénin), je vais à Gléhoué (pour les fon).
· S’agissant de la ville de Djougou (au Nord-Ouest du Bénin), je vais à Zougou (qui désigne la forêt ou la buisson en langue Dendi)
· S’agissant de la ville de Lagos (au Nigéria), je vais à Iko (pour les Yorouba)
· S’agissant de la ville de Malanville (au Nord Bénin), je vais à Tassi (qui désigne en langue Zarma ou Dendi le sable que l’on connaît à cette ville, sable issu du retrait du fleuve Niger de sa plaine d’inondation et qui aurait abrité ses tout premiers habitants).
· S’agissant de la ville de Parakou (au Bénin), je vais à Kparakou (our les Dendi) ou Korokou (pour les Baatombu). Autrement dit, aucun autochtone ne dit je vais à Kpara-Koulou ; pour ne citer que ces quelques exemples
On se demande alors pourquoi au lieu de Kparakou, mot d’origine Haoussa pour désigner la ville actuelle de Parakou, certains continuent de penser à des appellations peu expressives comme Kpara-
Koulou, Kpara Kocou etc ? Quel crédit peut-on donner à chacune des versions que les uns et les autres veulent faire valoir ?
Analyse critique des origines du mot Parakou
Au-delà des considérations d’ordre subjectif, et sans prendre partie dans ce débat, il semble que sur les quatre versions qu’on tente de donner à l’origine du mot Parakou, seules deux tiennent à l’analyse et peuvent vraiment s’affronter. Il s’agit de Karouko de résonance Haoussa et Korokou provenant du Bariba.
En soumettant chacune des quatre versions à une analyse même superficielle, on constate que :
1- Le groupe de mots Kpara-Kocou ne saurait être attribué à Parakou, pour la simple raison que la significatrion (ville de Kocou) que l’on lui attribue en langue Dendi est fausse. Car, si c’était le cas, pour désigner la ville d’un tel, le Dendi dirait Kocou-Kpara et non Kpara-Kocou. En effet, je suis moi-même Dendi et originaire de Parakou.
2- L’histoire de la variété d’arbres Korokou qui aurait donné son nom à Parakou est très peu connue dans la région. Il faut toutefois noter que les tenants de cette ne l’affirment pas avec beaucoup de certitude ; et lorsque vous demandez à connaître cette variété d’arbres, vous n’avez pas de réponse à votre question. D’ailleurs, on vous fait croire que cette essence a disparu de nos jours, toute chose qui met en doute l’existence d’une telle essence végétale à Sinagourou. D’autres tenants de la même thèse expliquent qu’il s’agit en fait d’une palissade érigée à la maison DERRAROU, au quartier Lémanda (première maison de la ville Parakou, construite par KASSI DE KASSI, chasseur d’origine Haoussa).
3- L’appellation Kpara-Koulou, de par la première explication authentique que nous avons donné en citant d’autres exemples d’appellation des villes africaines, ne tient pas debout. Toutefois, nous avons des explications qui néanmoins ne l’exclut pas totalement. Ces explications la rapprochent surtout de la dernière version Karouko donnée par l’Alpha (ou le marabout) Haoussa et qui paraît la plus probante quant à l’origine du nom de la ville. En effet, selon les explications que nous avons reçues de El-Hadj Salifou CISSE et de Yayi Bougnon, versions concordantes, avec quelques petites nuances bien sût, une cérémonie aurait été à la base de ce nom.
4- Selon El-Hadji Salifou CISSE qui a lui-même reçu ces informations de ses grands parents maternels, le Roi de Kpébié aurait demandé une prière pour que son royaume s’agrandisse. Il faut dire qu’en ce temps, les Roi Baatombu avaient pour marabouts les gens du Wangara (centre ville) ou ‘’Maro’’ avec qui ils entretenaient de très bonnes relations. Ces gens du Wangara (origine Haoussa ou Malinké) pratiquent l’Islam et le commerce comme autres activités. Il importe de souligner au passage que les Baatombu sont les autochtones de l’ensemble de la région du Borgou, mais il n’est pas toutefois évident qu’ils soient les fondateurs du foyer originel de peuplement que l’on a appelé Parakou. Ce fondateur serait plutôt un certain KASSI DE KASSI, chasseur d’origine Haoussa. La première maison qu’il a bâtie a pour nom DERRABOU, (dont nous avons parlé plus haut).

Voici le flash back

Le marabout Haoussa qui avait procédé à cette cérémonie demandé par le Roi de Kpébié était resté sept (7) jours au couvant pour faire ses prières. A sa sortie qui marquait la fin de la prière de sept jours, un boeuf fut égorgé. Le marabout aurait quitté le village de Kpébié en direction du Wangara. Il avait sur lui, au total sept cent soixante dix sept (777) pierres, des gravillons. Nous doutons un peu de ce nombre ; mais ce qu’on nous a certifié et qu’il faut retenir, c’est un nombre formé uniquement de chiffre sept (7) ; ce chiffre a signification mystique en islam. Ainsi, à chaque pas qu’il faisait, le marabout laissait tomber une pierre. La dernière pierre aurait échoué au quartier Kabassira. C’est justement à cet endroit précis que le grand marabout a enterré une marmite qui contenait les ingrédients qui accompagnaient les prières. On dit ainsi que la ville a été clouée.
L’endroit où la marmite a été enterré a été appelé « Karouko » par ce marabout Haoussa. Il explique en substance, que cet endroit deviendra « le Karouko » ; c’est-à-dire le nombril ou plus précisément le coeur d’une grande cité qui va accueillir les ressortissants de toutes les contrées. La traduction en Dendi de ce dernier propos du marabout donna le groupe de mots ‘’Kpara- Koulou’’ qui signifie aussi dans cette langue toutes les contrées (toutes les villes). De ce centre Karouko, la ville s’étendra vers l’Est, vers l’Ouest, le Nord et le Sud. Chose que nous observons de nos jours. En effet à voir le plan directeur et l’évolution de la ville de Parakou, le quartier Kabassira occupe encore la position centrale. Quant à la seconde version dite par Yayi Bougnon, le marabout qui a officié les cérémonies, les aurait fait de son propre chef. Il n’aurait reçu aucune instruction de qui que ce soit, ni du Roi de Kpébié. Une autre dame du même quartier, répondant au nom ‘’Rouwaè-gnan’’, très âgée et également décédée, dit que le marabout est son grand père et qu’il s’appelle Alfa Bébéhou
Auteur du texte : ADAM DRAMANE MOHAMED, Géographe-Aménagiste, D/REPM à la
Mairie de Parakou